Exposition virtuelle JEAN CARBONNIER


Jean Carbonnier

 

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Jean Carbonnier
© Berne, Archives de l`Université

Jean Carbonnier (1908-2003) fut professeur à la Faculté de droit de l'Université de Poitiers de 1937 à 1955 puis à celle de Paris (Université de Paris, puis Université Panthéon-Assas Paris II) jusqu'en 1976.

Savant au savoir encyclopédique, Jean Carbonnier, pour tendre vers la plénitude de sa mission de juriste, franchit les frontières de plusieurs sciences, qu’il appela à cohabiter, les unes proprement juridiques, les autres, dites collatérales, étudiant et observant le droit dans son contexte social, historique, culturel et religieux.

Son Manuel de droit civil paru dans la collection Thémis en 1955 contribua de façon décisive à la rénovation des études juridiques : sa préface appelait l’attention sur l’"état des questions", rubrique écrite en petits caractères, qui devait permettre au curieux de droit de s’évader de soi, et exprimait sa sympathie très profonde pour toutes les opinions qui divisent la doctrine, pour tous les sentiments qui font la France. Son attitude non-conformiste allait surprendre plus d’un de ses collègues qui déconseillèrent alors l’ouvrage à leurs étudiants…

 

Il nous faut terminer par une précision d’ordre personnel : même quand il arrive à ce livre de paraître refléter un parti pris (qui n’en a pas), que l’on veuille bien sous-entendre, au-delà de ce parti pris, une sympathie très profonde pour toutes les opinions qui divisent la doctrine, pour tous les sentiments qui font la France.
(Préface de la première édition du Manuel de droit civil en 1955. Cette citation figurera dans toutes les éditions suivantes jusqu’en 2002. Ce texte est inséré dans la dernière édition en deux volumes dans la collection Quadrige, PuF, 2004)

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Jean Carbonnier avec Masaji Chiba, Professeur à l'Université Tokai (Tokyo) et Renato Treves, Professeur émérite à l'Université de Milan.
© 1989, Oñati IISL

 


Extrait de : Le droit au non droit,
Claude Vajda (réalisateur),
Présence protestante, 1993 © INA

Durée 1 min. 09 s.

Esprit libre, épris de liberté, de justice et de tolérance, sceptique de prudence à l’égard du droit étatique, cherchant à bâtir un paradis de non-droit, une oasis dans le désert, il considéra la coutume comme une force de la nature, la loi comme un mal nécessaire, la non-répression comme participant de l’essence du pénal …

[La sociologie juridique] reconnaît que tout le social n’est point juridique, outre que, dans les rapports entre les hommes, il s’en rencontre peut-être qui échappent au droit parce qu’ils ne sont pas même socialisés. Elle en vient à admettre que le droit n’emplit pas toute l’atmosphère humaine, qu’il y a, dans les sociétés, des vides de droit, et elle pose, au moins comme une hypothèse, à côté du droit, le non-droit.
(« L’hypothèse du non-droit », in Flexible Droit, L.G.D.J., 2001, p 25)

 

Réformateur du droit de la famille dans une société en mouvement, dans une nation socialement et culturellement diversifiée, il procéda, en partant des données de la sociologie pré-législative et de la connaissance des droits étrangers, à sa libéralisation, abolissant les privilèges de masculinité et de légitimité, instaurant un système pluraliste de modèles adaptés aux besoins nouveaux.(bibliographie : fichier : 2008.biblio.pdf)

Le dilemme n’est donc pas entre la loi et d’autres formes du droit : il est entre le droit et le non-droit. Mais entendons-nous bien sur le non-droit : ce n’est pas le néant, pas même le chaos. L’hypothèse est que, si le droit est écarté, le terrain sera occupé, est peut-être même déjà occupé d’avance, par d’autres systèmes de régulation sociale, la religion, la morale, les moeurs, l’amitié, l’habitude. Mais ce n’est plus du droit.
(Essais sur les Lois,Defrénois, 1995, p.320)

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Jean Carbonnier à McGill
© Université McGill.(Montréal)